Sa fille m’a chassée de chez moi. Quelques jours plus tard, un avocat a mis au jour le dernier acte, inoubliable, de mon mari.

Ce qui reste

Je suis retournée à la maison ce jour-là, non pas en invitée, mais en gardienne légitime. J’ai parcouru à nouveau les pièces, cette fois avec un étrange mélange de tristesse et de gratitude. Sa présence était partout, dans les endroits usés et les recoins familiers.

La maison est à moi maintenant, oui. Mais ce n’est pas ce à quoi j’accorde le plus de valeur.

Ce que je chéris, c’est de savoir que même dans ses derniers instants, mon mari a choisi l’amour plutôt que le ressentiment, la protection plutôt que le silence, la bienveillance plutôt que la facilité.

Si je pouvais échanger chaque brique et chaque poutre contre une journée ordinaire de plus avec lui, je le ferais sans hésiter. Un café de plus le matin. Une conversation de plus à voix basse. Un instant de plus de sa douceur.

Mais puisque je ne le peux pas, je lui rendrai hommage en vivant ici pleinement, avec bienveillance et sans amertume.

C’est, je crois, exactement ce qu’il aurait voulu.