Il y a des moments dans une vie qui semblent sortis tout droit d’un film. Des instants suspendus, où le monde s’arrête pour laisser place à l’essentiel. Ce soir-là, Julien Morel n’avait aucune idée que son dîner en solitaire allait tout changer.
La scène se passe devant un restaurant élégant, au cœur d’une ville animée. Tandis que les rires fusent et que les verres tintent, Julien, costume impeccable, remue distraitement son verre de vin. Son risotto au homard refroidit, oublié. Il n’a pas faim. Pas vraiment. Son esprit erre, noyé dans les chiffres et les faux-semblants de sa vie apparemment parfaite.
C’est alors qu’elle apparaît.
À genoux, juste là, sur le trottoir.
« Je ne veux pas votre argent, juste un instant »
La voix est douce, presque imperceptible sous le bruit ambiant. Une jeune femme, robe froissée, bébé contre elle, ose s’adresser à lui. Pas pour mendier. Non. Juste pour être écoutée.
Julien est d’abord surpris, puis touché. Elle ne demande rien de matériel. Seulement un regard. Une oreille. Une présence.
Elle s’appelle Camille. Le bébé, Élise. Sept semaines à peine. En quelques phrases sobres, elle raconte sa chute : la grossesse, la perte d’emploi, les portes closes, les refuges saturés, les silences. Mais aussi cette force qu’on sent malgré l’épuisement. Une dignité farouche.
Pourquoi lui ? Parce qu’il était le seul à ne pas faire semblant. Le seul qui semblait connaître, lui aussi, le goût amer de la solitude.
Une carte de visite. Et un choix.







